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                            EN FRANCE                             329

« garder d'oppression et moleste (3). » Les Italiens se
montraient souvent des hôtes jaloux et exigeants. Cette
période d'essais se prolongeait, et Lyon demeurait,
comme les habitants l'ont dit en 1528, dans un mé-
moire au roi, dans « leur premier estât et povreté (4). »
   Ce fut la raison politique qui détermina François I er
à signer, « sur l'umble supplicacion » des conseillers
de Lyon, les lettres d'octobre 1536, par lesquelles le
roi octroya à Etienne Turquet, un Piémontais, à Barthé-
lémy Naris, un Génois, et à leurs compagnons et ouvriers,
venus d'Avignon, de Gênes et d'autres villes d'Italie,
pour eux et leurs enfants, des privilèges et des fran-
chises, dont les rois, ses successeurs, se firent honneur
de ne pas restreindre la libéralité. François I er avait sans
sans doute en vue l'intérêt du peuple de Lyon ; il tentait,
comme Louis XI et Charles VIII, d'enlever à l'Italie
cette vente de soieries qu'il estimait à un million d'écus
d'or, environ 56 millions de francs de notre monnaie,
par an (deux fois plus que sous Louis XI) ; mais il voulait
surtout se venger des Génois révoltés et alliés à ses
ennemis. Avant d'ouvrir nos portes aux ouvriers italiens,
il les avait fermées aux soieries italiennes; cette prohibition
était encore dirigée contre les Génois. Elle n'avait qu'une
portée politique et fut maintenue peu de temps (5).


  (3) Ce n'est pas seulement à Lyon que les Italiens recouraient à
tous les moyens pour nuire à la fabrique française. A Orléans, au
xvi e siècle, les marchands italiens firent jeter de la résine dans les
chaudières pour détériorer la soie mise en teinture.
   (4) Nous avons fondé notre étude sur les documents originaux
consultés par nous dans les archives du département du Rhône et
dans celles de la ville de Lyon.
   (5) Henri IV prohiba aussi en 1599 l'introduction des soieries