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330                   L'INDUSTRIE DE LA SOIE

   L'institution de « la nouvelle magniffacture de vellours
et draps de soye » est le véritable point de départ de la
longue suite d'entreprises auxquelles Lyon doit son
incomparable fabrique d'étoffes de soie. Le Consulat la
dota de 500 écus d'or et exigea que les apprentis formés
par les ouvriers italiens fussent pris parmi les enfants
adoptifs de l'Aumône générale (6).
   L'art du tissage de la soie fut donc cette fois encore
tout d'importation italienne, et il fut importé de toutes
pièces. Avec les ouvriers, nous avons tiré de l'Italie les
métiers à tisser et tout le matériel pour l'ouvraison de
la soie et de la teinture. Sous l'impulsion imprimée par
Turquet, la fabrique prit un vif et rapide essor. D'autres
ouvriers italiens venaient réclamer le bénéfice des privi-
lèges concédés par l'édit de 1536. Plus nombreux étaient
les Français qui prenaient place à côté des Italiens et
qui devaient les remplacer bientôt. On le voit par les
noms des tissutiers et des veloutiers établis à Lyon au
milieu du xvie siècle. Le Consulat ne négligeait aucune
occasion d'encourager les Français. Ainsi, il ordonnait,
le 27 septembre 1537, au trésorier de la ville, de payer
trois écus soleil à Barthélémy Gervais, maître de la soie,
à Antoine Constans et à Baptiste Dupont, maîtres du


étrangères; il l'avait fait à la sollicitation des ouvriers en soie de
Tours. Il révoqua cette prohibition l'année suivante, cédant aux
réclamations du Consulat de Lyon.
   (6) Les recteurs de l'Aumône générale mettaient en apprentissage
les orphelins, enfants adoptifs de l'Aumône, de préférence chez des
étrangers qui exerçaient des métiers qu'il y avait intérêt à introduire
à Lyon ou dont il convenait de favoriser le développement. Plu-
sieurs de ces enfants adoptifs ont été aussi apprentis, au xvie siècle,
chez des faïenciers italiens, chez des tailleurs d'histoires flamands, etc.