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MOREL DE VOLEINE 319 Divan s'installa dans la rue Impériale et s'adjoignit les membres du Petit-Cercle. On ne saurait s'imaginer, disait souvent Morel de Voleine, la somme d'esprit et d'intelli- gence qui se dépensait, dans ces salons, au cours des con- versations sans fin, entre tous ces gens d'élite dont la verve ne tarissait jamais. Il aurait pu ajouter : Et quorum pars magna fui. Pourtant, ces traditions des premiers jours ten- daient, petit à petit, à disparaître; on en perdit le plus grand nombre, lors du déménagement qui transporta les épaves de l'ancien mobilier, dans les salons de l'hôtel de Parcieu. Le petit cercle aristocratique, modeste, gai et hos- pitalier se transforma en un club brillant, doré et fort acha- landé, où l'on a pu admirer, à son aise, les' figures symboliques de la Dame de Pique et du Valet de Carreau peintes par A. de la Brély. Quoi qu'il en soit, Morel de Voleine y revenait, chaque soir, à la même heure et, tout en envoyant au plafond des spirales bleuâtres, ou en dégus- tant quelques gouttes d'eau anisée, il aimait encore à converser avec ses vieux amis : MM. de la Pape, Daudé, le chevalier du Roseil, le dernier des chevaliers, le biblio- phile de la Garde qui faisait de si jolis vers, le marquis de Parcieu qui les récitait aux belles dames d'Aix, L. de Laval, D. de Boissieu, le baron de Mornays, etc. Avec Morel de Voleine s'est éteint le dernier des membres fondateurs du Divan. Sans grandes prétentions dans l'art de l'agriculture, il se contentait de soigner et de surveiller, en bon propriétaire, ses vignes situées à Cogny, près de Villefranche. Le fief d'Epeisses, paroisse de Cogny en Beaujolais, avait été acquis, en 1758, par François Morel d'Epeisses, et dépen- dait de la juridiction de Montmelas. Chaque année, Morel de Voleine venait, avec sa famille, passer la belle saison