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228 L'INDUSTRIE DE LA SOIE Les ateliers de filature (tirage de la soie des cocons) et de moulinage (ouvraison, c'est-à -dire tordage des fils de soie) ne sont pas nécessairement voisins des magna- neries; toutefois il est naturel qu'ils soient rapprochés des lieux où la matière première est récoltée. Il en est de même des usines de préparation et de filature des déchets de soie autrefois dispersées ; elles ont diminué en nombre et ont gagné, chacune d'elles, en importance. Le retordage, industrie limitée, s'est concentré à Paris. Le tissage de la soie, sous ses diverses formes, est répandu dans dix cercles au moins, chacun d'un rayon différent. Dans aucun de ces cercles, la fabrique n'a le même caractère et la production y est fort inégale. Le nom de la ville qui en est le foyer principal suffit à marquer la nature du travail. C'est Lyon, Tours, Nîmes, Roubaix et Tourcoing, Bohain, Amiens pour les étoffes; c'est Saint-Étienne, pour les rubans, Saint-Chamond, Lyon, Paris, Nîmes, Ambert, pour la passementerie, les lacets et les tresses ; c'est Calais, Caudry, Lyon et le Puy, pour les tulles et les dentelles, et la bonneterie est cantonnée dans d'autres milieux, notamment dans les départements du Gard et de l'Hérault. Si nous attribuons à l'entière production des tissus de soie une valeur de 640 millions de francs, 500 mil- lions sortent de ce territoire relativement étroit, enserré entre les Alpes, les Cévennes et leurs prolongements, qui est la région française de la soie. Cette région, qu'autrefois la politique avait faite bourguignonne, ensuite germanique au moins nominalement, a été longtemps comme séparée du reste du pays. Elle^ ne l'a pas été moins, par les traditions, les habitudes et les intérêts, de