page suivante »
152 SYNDICAT DE DEMOISELLES Molière n'a-t-il pas dit : Et dans l'objet aimé, tout leur paraît aimable, Ils comptent les défauts pour des perfections. Cette manière de compter rendra prodigieusement diffi- cile et laborieux le service des renseignements. J'entends d'ici les réponses stupéfiantes que fera une demoiselle syndiquée mais follement éprise, aux objurga- tions sensées de l'archiviste : — Ce jeune homme est criblé de dettes... — Fort bien ! — Il a le grand défaut d'aimer toutes les femmes et va delà brune à la blonde avec un déplorable entraînement. — Tant mieux ! — Le plus sage serait de ne plus penser à lui. — Vous avez raison, mais cela m'est tout à fait impos- sible... Dans ces conditions, il est permis de se demander si la création des syndicats de demoiselles n'est pas une pure superfétation. Essayer de mettre à l'abri des incendies des cœurs qui ne demandent qu'à s'enflammer, c'est un travail devant lequel Hercule lui-même — ce demi-dieu qui en valait bien un tout entier — aurait certainement reculé. Il est vrai que notre époque ne recule devant rien : elle fait bon marché de l'amour comme du reste. "• Qu'en dites-vous, chers poètes, que le destin condamne A vivre dans ces temps désenchantés et vieux ? LÉON MAYET. (Lyon.)