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                       LA GUERRE DE SYRIE                         461

Reschid, tu es sage comme Lockman, mais notre empire
est un cadavre. »
   Avec de telles prévisions, la victoire était difficile. La
défaite était trop bien prévue pour n'avoir pas lieu.
Ibrahim reçut l'infortuné Reschid comme un ami, com-
me un frère ; il le consola de sa défaite et lui prodigua
les caresses. Une conduite si noble grandissait le vain-
queur, mais ne calmait pas les blessures du vaincu. Tom-
ber d'une si haute gloire dans un si profond abime est
bien capable de courber les plus fiers courages, de
briser les plus énergiques volontés. L'orgueilleux vain-
queur de Missolonghi était anéanti et l'empire entier
ne valait pas mieux.
   M. d'Angeville prétend qu'après la bataille, il se
passa un fait ïnoui...
   « Ibrahim, dit-il, pour conserveries formes de fidélité
au sultan, se mit sous les ordres du grand visir qu'il
avait pris, et ce dernier fut contraint d'ordonner le len-
demain qu'on poursuivît les débris de sa propre armée
battue la veille . » (1).
   Voilà un fait qui nous semble, à nous Européens, dépas-
ser les bornes du possible, le général turc eût il été un
lâche et le général égyptien un insensé.
   Mais l'Orient est le pays des Mille et une nuits ; la
contrée des rêves, des visions, des aventures inouies. Rien
ne s'y fait comme en Occident. L'historien est donc tenu
parfois d'enregistrer des aventures qui sembleraient
plutôt être du domaine fantaisiste des romanciers.



  f-fj La vérité sur la question d'Orient, et sw M. Thieys, par le
comte d'Angeville, ancien officier de marine, député de l'Ain. Paris,
mai 1841, in-8, p. 14.




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