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                    LA GUERRE DE SYRIE                     437

la première fois, prend la mer ? ne sait-on pas qu'il vaut
cent fois plus après un an, quand tout s'est tassé à bord,
s'est classé, organisé, que les équipages ont. vu leurs
chefs à l'œuvre, que les matelots, comme disent les
soldats, se sont sentis coude à coude dans le danger et
ont montré leurs qualités de race, d'instruction, d'au-
dace et d'obéissance ? La marine est une arme qui
ne s'improvise pas . Si la France a eu des revers, à
Trafalgar et Aboukir, c'est qu'entre l'état major et l'é-
 quipage il n'y avait pas eu cette cohésion que le temps
 donne seul et que le plus héroïque courage, fût-ce celui
 du Vengeur, ne remplace pas,
     Désormais, la flotte égyptienne avait reçu le baptême
 de feu; elle avait fait ses preuves, elle connaissait ses
 chefs; les cadres étaient prêts ; qu'on lui rendît d'autres
 navires, qu'on mît au complet ses équipages et on pou-
vait être tranquille sur son s o r t . De même de l'armée .
 Ses régiments s'étaient sentis les coudes, en abordant
 l'ennemi à la baïonnette, manœuvre favorite, qu'elle
 tenait du génie de la France. Qu'on réparât ses pertes
 immenses ; qu'on remplît les vides avec de nouveaux
 venus ; les vieux soldats qui avaient mangé la poudre
 se chargeaient de les maintenir et d'en faire des héros.
     En voyant ses nobles et magnifiques débris, l'Egypte
 irritée autant qu'effrayée, avait repris courage. Quel
 navire n'a eu ses jours de tempête ? quelle nation n'a eu
  ses temps dorage, utiles parfois pour retremper les
 caractères et relever les cœurs ?
     Le vice-roi déclara que la partie n'était pas perdue;
 loin de là. Il fallait réparer tous les de'sastres et se con-
  fier dans l'avenir. Il se mit à l'œuvre avec plus de persé-
  vérance et d'audace que dans ses jeunes jours.
     Il avait va les Français dans la marine, dans l'armée,
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