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TACITE 301 d'élite dont le nombre va s'amoindrissant de jour en jour, qui est-ce qui fait cas de nos classiques français? Où s'en est allée la belle poésie? Que sont devenus et la litté- rature sérieuse, et les grands travaux d'érudition, et les spéculations élevées de la philosophie? Tout cela a été remplacé par un flot croissant d'oeuvres sans portée, comme sans talent, par des romans futiles ou obscènes, par des théories extravagantes et subversives. Et, il faut le dire, la vogue est pour ces productions qui auraient fait rougir nos pères! Beaucoup même ne connaissent que les journaux de la pire espèce. Eh bien, de cette décadence honteuse à une complète extinction du vrai et du beau, il n'y a pas loin. Que la société moderne continue encore une centaine d'années à substituer la libre pensée aux croyances religieuses, le sensualisme à l'esprit, le journalisme et ses feuil'etons aux anciens écrits des grands maîtres, et la société moderne sera en pleines ténèbres. A défaut d'une nouvelle invasion barbare et de l'ignorance d'un second moyen-âge, le progrès matériel et l'activité désordonnée de la presse auront suffi à la tâche. Or, lorsque les peuples modernes en seront-îà , c'est-à - dire, lorsque l'oubli dédaigneux des grands modèles, d'une part, et de l'autre, l'insouciaDce stupide des gloires natio- nales se seront donné la main, lorsque les âmes seront descendues aussi bas que les doctrines, l'on saura com- ment les chefs-d'œuvre peuvent disparaître même au sein de ce qu'on appelle la civilisation, et l'on pourra répéter alors,, sur notre dégradation intellectuelle, ce que disait, ce vvéil Arabe à un de nos voyageurs français, sur les débris,'fe'pars df Paimyre : «.Oui, une nation, grande- -ians la guerre et dans les arts, vivait jadis au milieu de cette enceinte, où nous ne voyons aujourd'hui que des ruines et de la pous- sière. Tout est dévasté, Die'a seul est grand, éternel (1). ! L ' a b b é CHRISTOPHE. (1) Poujoulat, Voyage danj l'Aiie Mineure, t. II, p. 151. ( / / ! i . / * î ) ; /' \