Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
298                          TACITE
  saient les Annales, il manque le vu", le vrae, le ixc le xe, et
 des parties considérables dans le v% le xie et le sviB. S'il
 est permis d'interpréter un passage de saint Jéiôme, dans
 le sens d'un partage-en livres, les Histoires devaient en
 contenir trente. Eh bien, de ces trente, nous n'en avons
 plus que quatre entiers, avec une faible portion du cin-
 quième. Ces lambeaux, l'opuscule sur les mœurs des
  Germains, la vie d'Agricola, et, si l'on veut, le dialogue
 des orateurs, sont tout ce que la postérité a retenu du génie
 de Tacite. Encore, ces débris n'ont-ils été recueillis que
 successivement, à de très-longs intervalles, et après les
 recherches les plus laborieuses. Ces recherches commen-
 cèrent, dès les premières années du xve siècle, par les
 soins du célèbre bibliophile florentin Niccolo Niccoli. Ce
 que l'on a du xie livre des Annales et les suivants, jus-
 qu'au V des Histoires, furent alors trouvés en Allemagne.
 C'est Sicco Polentano, cité par l'abbé Méhus, qui le dit.
 Mais, cet investigateur ajoutait qu'il ne croyait pas que ca
 qui manquait de l'historien romain pût être trouvé en
 Italie et même dans le reste du inonde. Cependant, on
 entendit plus tard dire que l'Allemagne en possédait une
 partie considérable qui n'avait point encore vu la lumière.
 Il fallut attendre près d'un siècle avant de réaliser cette
espérance. Alors, furent déterrés dans 'le monastère de
 Corbie, en Westphalie, les six premiers livres des Annales,
que Léon X paya à Arcimboldo cinq cents sequins. Dapuis
cette bonne fortune, aucun nouveau fragment n'est venu
réjouir le monde savant, et, il faut désespérer, aujourd'hui
plus que jamais, de rien ajouter à ce que nous avons.
    Plus je réfléchis à cette iniquité du temps envers Tacite,
et plus je me demande comment il se fait qu'un si grand
écrivain ait été ainsi maltraité, lorsque Cicéron, Sénèque,
Pline l'ancien sont arrivés jusqu'à nous presque dans leur
intégrité? Faut-il mettre sur le compte de la barbarie toute
la responsabilité de cet déperdition? n'y aurait-il aucune
autre cause qui la partageât avec elle? Je ne sache point