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MA VOISINE Ma voisine, par sa nature, Fille de la terre et des cieux, Possède, heureuse créature, Tout pour plaire et charmer les yeux: Aussi prompte que la pensée, Dans ses rapides mouvements, On la croirait toujours pressée Par quelques fiévreux sentiments. Pourtant elle n'est pas coquette Et, sortant de fort grand matin, N'a qu'une robe, pour toilette, Faite de moire et de satin, Mais cette robe brune et blanche, Quoique aux tristes couleurs du deuil, Dans son allure vive et franche, Vous fascine, au premier coup d'œil. Sans s'arrêter à ma fenêtre, Elle loge au-dessus de moi Et son frôlement me pénètre Le cœur d'un véritable émoi, Lorsque engourdi par la paresse Et toujours sur elle en retard, Je ne puis en ma lourde ivresse, Que la suivre d'un long regard.