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                       TROIS ODES D'HORACE                        227

L'autre est heureux du suffrage de la foule inconstante,
S'il obtient les premie s honneurs.
L'autre voudrait accumuler dans ses granges
Tout ce que la Libye peut produire de moissons.
Le bonheur pour le campagnard, c'est de faire valoir
Le champ de ses pères ; to )s les trésors i'Attale
Ne le tenteront pas. s'il lui faut monter un vaisseau de Chypre
Et, tremblant mate'ot, franchir la mer E^ée.
De la luite des flot* et du vent d'Afrique
Le marchand à peine échappé estime que le vrai
Bonheur e^t dais sa vd'a ; mais bie dô". il répare ses navires
Avarié?, talonné par la peur de la misère.
Pour un qui profère une cou.,*e de vieux Massique,
Et passe les trois-qiurt* du jour,
Le co ps sous un frais arbous er
Mollement étendu, ou ve's la source calme d'une eau sacrée.
Mille autres préfèrent la vie des camps, les clairons, les trompettes,
Les fanfares de guerre, pour lei mères
Objet d'horreur. Qu'à l'affût, par une nuit brumeuse,
L'i chasseur, époux trop oublieux,
Guette le c^rf avec f-es chiens fidèles,
Ou le sanglier marse échappé du traquenard,
Pour moi le docte lierre déposé sur mon front
Me fait l'égal des dieux. A moi la fraîcheur des bois,
Les danses des Nymphes, les chœurs des Satyres
Et fi des suffrages populaires ! Que ma flûte
Ne soit pas dédaignée d'Euterpe, que Polymnie
Laisse vibrer mon iuth de Lesbos,
 Que ma lyre et mes vers obtiennent tes suffrages,
 Et, fier poêle, je lèverai la tête vers les cieux !

                              HORACE
                           Livre 1. — Oie VI.
                              A SESIIUS.
Adieu au rude hiver, salut au doux printemps. Zéphire
       Fait traîner à la mer les grands navires,
Abandonner l'étable au gai troupeau, au laboureur, le coin du feu.
      Sur les prés délivrés des blancs frimas