page suivante »
222 BIBLIOGRAPHIE. Mais quand on possède un instrument, même en ca- chette, et qu'on sait en jouer, peut-on être assez sur de soi pour ne jamais le faire entendre au profane ? On a beau s'enfermer, les sons s'en répandent au loin et voilà votre secret trahi. La vieille servante Michelonne, tout cœur, toute tem- pête, tout dévouaient, gronde et bougonne un peu ce soir ; qu'jr répondre? Rien. Mais on prend la plume et on trace sa figure moitié sérieuse, moitié comique; tant pis pour elle; la voici photographiée pour l'éternité: Depuis trente ans bientôt, ferme , attentive et bonne, Une vieille servante (elle a nom Michelonne) Nous prodigue les soins du plus pur dévoùment. Jamais un seul instant n'a ralenti son zèle; Le devoir est sa vie ; elle est tout un modèle De probité, d'attachement. Lire, écrire, compter, ne sont pas son affaire- Le dimanche, à l'office, elle égrène un rosaire ; Le français qu'elle parle est loin d'être embelli; Mais nulle ne sait mieux ordonner un ménage ; Ses vaches primeraient les autres du village ; Son jardin partout est rempli. Des intérêts du maître austère gardienne, Sa vigilance est grande, € il faut qu'on s'en souvienne. » La verge est son appui pour ce devoir sacré. Les petits maraudeurs sont saisis de vertige, Quand, grimpés sur un arbre, ils voient poindre sa tige, Et que contre eux sa voix prend un timbre acéré. C'est plaisir de la voir, heureuse et triomphante, Fière de YOUS montrer la foule envahissante