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                                    POÉSIE                  171
Et les flots d'Allemands seraient vite arrêtés.
Mais non, l'air retentit de leurs cris, de leursplaintes.
Oubliant la Patrie, elles ont des étreintes
Qui font que les plus forts, de ces bras enlacés,
Faiblissent au devoir et disent : C'est assez...
Ce n'est jamais assez! Pour qu'un peuple ne tombe
Il faut, dans le danger, accepter l'hécatombe !

Puis s'approchant de moi : Ne craignez rien pour lui.
S'il est digne de vous, je serai son appui.
Afin que son départ en mépris ne se jette,
Un pli le chargera de mission secrète.
Aile* , ma digne enfant, Dieu vous doit le bonheur !

 Ce brave qui venait de nous sauver l'honneur,
 Un mois plus tard, restait sur le champ de bataille.
Tout le jour on le vit, dédaignant la mitraille,
Vers le point menacé, se porter vaillamment.
Son courage arrêta la défaite un moment...
Un par quatre écrasés, commença la déroute.
Nepouvant de la France, hélas ! barrer la route,
Sur le sol que la Prusse allait nous conquérir,
L'héroïque vaincu résolut de mourir, (i)
Peut-être s'offrait-il au ciel comme victime !
11 se mit à gravir, pâle, calme, sublime !
Le plateau qu'occupait son ennemi vainqueur,
Attendant qu'un boulet lui foudroyât le cœur.
Les preux tombent ainsi quand s'éteint l'espérance.
On dit que les blessés, surmontant leur souffrance,
Se soulevaient encore afin de saluer,
Et criaient : Général ! mais ils vont vous tuer î
Il avançait toujours, pour eux vivant problème.
Le canon retentit... C'était le coup suprême !
Mais quand un noble sang est ainsi répandu,
Le sol qui l'absorba, tôt ou tard, est rendu ;
Du germe déposé fleurit la délivrance.



 (î) Allusion à la mort du généra! Abel Douai,