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f)2 LA PLACE DES loterie devint pour lui un lot assez considérable. Je vais donc faire l'histoire de ce jeu officiel, en empruntant des détails à l'ouvrage de Dussaulx : la Passion du jeu, publié en 1779(1). « Si l'on remontait à la source des bassesses et des « crimes, tous les ordres de l'état n'auraient qu'un cri « pour dénoncer les corrupteurs de la jeunesse et des « fauteurs des jeux publics ; mais on soutient qu'il ne « faut pas réformer tous les abus, qu'il est nécessaire « pour la prospérité publique d'en laisser subsister quel- c ques-uns, quoiqu'ils blessent les mœurs. C'est au limon e « du Nil, nous dit-on, que l'Egypte doit sa fertilité (t. II, « p. 195). » Cette manière de penser est absolument la même à notre époque, et les utilitaires soutiennent avec ardeur que le luxe fait aller le commerce ; ils ne se doutent pas que les élégants et les élégantes ne paient pas toujours leurs achats et qu'ils savent même se priver parfois du néces- saire. C'est ce qui a introduit ce dit-on satirique au compte des belles dames : Plus de robes que de chemises. On ne se fait pas une idée de tout ce que j'ai entendu raconter à ce sujet ! je citerai simplement un fait, qui résume en grande partie les excès du luxe et de la mode. La femme d'un de mes amis racontait que, se trouvant un jour dans un magasin de nouveautés, elle y rencontra une dame qui venait faire une emplette de dentelles ; l'employé qui mon- trait la marchandise lui dit que son mari était venu pré- venir que, si son épouse ne payait pas comptant, il ne (1) « De la Passion du jeu, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours ; « par M. Dussaulx. ancien commissaire de la gendarmerie, de l'Académie « royale des inscriptions et belles-lettres, et de celle de Nancy. » Paris. 1779. 2 vol. in 8°.