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BIBLIOGRAPHIE. 43 château do Cruzol, il se rendit de bonne heure à l'Arbresle, entra à l'hôtel de la Couronne, se vêtit de haillons, abattit sur ses yeux une ignoble coiffure et, pour mieux se mimer* il se mit dans la bouche une petite pomme qui grossissait Tune de ses joues. Midi sonnait, justement M., de Valous montait de chez lui à la grille de son jardm sur le bord de la route, pour voir si son convive arrivait. Le mendiant s'approcha et lui dit d'une voix papelarde et contrefaite : — Quelque chose, s'il vous plaît, pour l'amour de Dieu ' quelque chose ! M. de Valous, contrarié de ne pas apercevoir son beau- frère, se retourna pour rentrer à la maison ; le mendiant le suivit, disant toujours : Quelque chose, pour l'amour de Dieu ! M. de Valous impatienté finit par lui dire : — Va-t-en, drôle, va-t-en. Le mendiant alors tira un pistolet de dessous ses haillons et le présentant à la figure de M. de Valous, lui dit d'une voix ferme mais toujours contrefaite : — Tu me donneras à dîner ! Tu me donneras à diner ! M. de Valous effrayé se mit à fuir en criant: A moi! au secours ! Le mendiant le poursuivit jusque dans le salon où relevant sa coiffure et rejetant sa pomme, il s'écria d'une voix claire : — Eh ! c'est moi, je t'ai bien dit que tu me donneras à dîner. — Oh! que tu m'as fait peur ! lui dit M. de Valous en l'embrassant affectueusement et l'on se mit à rire. Je laisse à penser si le repas fut plaisant et joyeux. La peur d'un autre personnage qui avait fait trembler l'Europe : Devant cet hôtel de la Couronne, j'ai vu dans sa voiture le premier empereur attendre sur la route le déclin du jour pour n'entrer à Lyon qu'avec les ombres de la nuit, de peur d'y être tué ; et quand je songe à ce redoutable conquérant qui s'en allait en exil à travers la France, escorté seulement