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28 THIERRIAT pondit à cet appel; l'élève couronné ou plutôt découronné s'abstint, et son exemple fut suivi par toute la classe ; le deuxième prix et toutes les mentions restèrent déposés sur l'estrade, au grand étonnement du public et de l'admi- nistration. Le lendemain on exposa, comme d'usage, dans la grande salle de l'école, les concours des élèves récompensés. Mais Thierriat, profondément blessé de l'injustice faite à son enseignement et à ses élèves, exhuma des greniers le concours de Rochon, l'un des membres de ce jury sévère, et l'exposa auprès de ceux de ses élèves. C'était un concours du temps deBerjon, dont la principale fleur était un gros soleil jaune qui semblait regarder le public comme l'œil énorme d'un cyclope. Il avait cepen- dant remporté le premier prix et la médaille d'or. Son infériorité était flagrante. Aussitôt les élèves dépassèrent la protestation du maître et déposèrent sur ce concours une énorme couronne de foin. Notre charmant compositeur Hébert, aujourd'hui l'un des premiers dessinateurs de notre fabrique, celui que le jury priva cette année là de la médaille d'or qu'il avait, parfaitement méritée, pourrait peut-être nous dire quel fut l'auteur de la couronne de foin, et aussi de la caricature représentant une botte poursuivant de près deux anciens élèves de l'école, MM. M. et D. P., hostiles à la classe de fleurs, en 184t. Cette botte faisait allusion à Thierriat qui avait ainsi réprimé, en 1815, l'enthousiasme de ces deux élèves qui criaient : — Vivent les alliés ! — à l'entrée des Autrichiens. Pour revenir à la couronne de foin et à la caricature de 1844, les suites n'en furent pas graves. Le maire de Lyon, M. Terme, exigea seulement que les élèves récalcitrants vinssent retirer leurs médailles dans son cabinet et leur