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ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS. 497 Mais la plus ancienne épave qui nous ait été transmise, à travers les siècles, de ce langage roman, estla Charte, ser- ment ou traité d'alliance conclu par les deux fils de Louis le Débonnaire, Charles dit le Chauve, ,'et Ludvig ou Louis, avant la bataille de Fontenay, livrée par eux, vers l'an 830, contre leur frère Lothaire. On y retrouve une alliance barbare de mots celtes et latins. Ce n'est déjà plus la lan- gue du peuple roi-, ce n'est pas encore tout à fait le roman, et encore moins le français. En voici mot pour mot la traduction en patois de nos campagnes : Il me semble difficile d'établir mieux la pa- renté de celui-ci avec le roman à plus de mille ans de dis- tance. e ROMAN DU IX SIÈCLE : Pro Deo amur, et pro Christian poblo, PATOIS DU xixe SIÈCLE : Par de Dieu amour, par de la chretiento lo poplo Et nostro commun salvament, d'ist in avant, Et noutra communa sauvation, d'ore en avant, In quant Deus savir et podir me dunat, In tant que Dieu de savi et pochi me donnât, Si salvarai-eo (1) cist meon fradre Karlo, et in ajuda Si sauvarai-jo céians mon frore Chorle, et in aida Ed in cadhuna cosa, tôt coma per dreit son fradre Et in chôcuna chousa, tôt coma in dret son frore Salvar dist, in oiquo (2) il mi altresi fazct, Sauva (secorri) det, et tôt ce qu'à me autro a farit, Et ab Luther nul plaid nunquam prindrai, qui Et avoï Lothaire nulla pachi jamais ne prindrai, que Meon volt à meon fradre Karle in damno sit. De ma volonté à mon, frère Chorle in dammageo siet. Dr F. MONIN. (1) Eo contract de EGO, d'où l'on a fait io, jo et je. (2) In hoc, en quoi. A continuer.