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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 73 cache dans un pli de la montagne ; la grande tour s'élève seule au-dessus des collines environnantes, le r«ste sem- ble vouloir se dérober aux regards et s'entourer à dessein d'un voile de verdure. Le toit en est pourtant hospita- lier'et les pauvres de Saint-Romain en connaissent le chemin ; jamais les portes du château de Varennes ne furent fermées à la souffrance et au malheur. —• Varennes, s'écria Philomène ; ma mère avait connu, dans ses jeunes années, une ravissante jeune fille, Marie de Boen, qui était devenue dame et baronne de Varennes. — Que dis-tu? c'était ma mère. Eh! quoi, nos fa- milles étaient liées et nous voilà réunies après de si cruels malheurs! Berthe, Philomène, merci de m'avoir aimée sans me connaître, d'avoir prodigué vos soins à la pauvres mourante, d'avoir oublié vos peines pour sau- ver ses jours ; à présent nous sommes amies à jamais et si la destinée devient meilleure, Berthe, Philomène, regardez toujours Marianne comme une sœur. — Oui, certes, je le jure, murmura la blonde Berthe dans un long baiser; je t'admirais comme un beau jeune homme quand, blessée, on t'a confiée à nos soins, mais depuis que le médecin qui t'a pansée a, pour étancher ton sang, déchiré ton pourpoint de velours et a vu que le beau page était une pauvre jeune fille, oh! je t'ai aimée de toute mon âme et je ne doute pas, chère amie, oh! comment te dire ma pensée, non, je ne doute pas que malgré ta présence au milieu des féroces huguenots, malgré ta position auprès de leur chef si redouté, tu ne sois digne de toute l'estime et de toute la tendresse de deux craintives novices élevées daas la pureté du cloître