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204 LE PAGE DU BARON PE8 ADRETS. des bergers, des vignerons, des labourenrs qui, armés d'armes rustiques, se disputaient l'honneur de combat- tre à côté des soldats. Les cris de guerre se répondaient des remparts aux forêts ; les coureurs huguenots se heur- taient partout à des paysans irrités et résolus et quand Montbrun crut lancer ses troupes eontre une habitation de luxe il rencontra des fortifications formidables gardées par un chef intelligent et brave, des soldats aguerris, et une population qu'il eût été difficile d'écraser car elle avait la foi et le dévouement. Montbrun recula ; Montbrun repoussé au premier choc, rappela ses troupes et, sans vouloir une vengeance qui lui aurait coûté plus d'un jour, jugeant le temps pré- cieux et se réservant peut-être pour un moment plus propice, il se dirigea rapidement sur Thizy. Entre la vallée de la Loire et la vallée de la Saône, se tordent et se tourmentent les croupes de hautes et sau- vages montagnes. A leurs pieds se creusent de profonds vallons arrosés, et parfois dévastés par d'impétueux tor- rents dont rien ne peut arrêter la violence : sur les som- mets, se rencontrent de vastes plateaux que ceignent d'épaisses forêts. Là vivent de hardis et robustes mon- tagnards dont les mœurs simples n'ont jamais été altérées au contact des cités. Le père est chef dans sa demeure ; la famille s'élève calme et prospère autour de lui. Les querelles qui troublaient la chrétienté n'avaient jamais pénétré jusqu'à eux ; croyant on naissait, croyant on mourait et quand pénétra au sein de cette contrée le bruit effrayant que les huguenots venaient abattre les croix et les églises, d'immenses clameurs s'élevèrent du fond des vallées, des cris de fureur descendirent des mon-