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496 ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS. Gall, Kell, Kelt, ou Celte, est bien le même mot prononcé différemment, suivant le génie des diverses langues. Le Gh, le W, le K, comme nous le verrons, se confondent et se substituent souvent l'un à l'autre dans le celte, le bre- ton ou l'anglais, qui sont des dérivés du premier. Ainsi Guillaume est indifféremment Guilhem et Williams ou Wilhem ; Gall, Gaël, Val ou Vaël, Wallon ou Valois, nom patronymique d'une race de nos rois. Nous retrouvons cette substitution dans de -vieux manuscrits du xe siècle : ECOUTE ET TE PRENDS VARDE (pour garde) discute et revarde (pour regarde) (Manuscrit des discours de saint Bernard). Les Italiens désignent encore sous le nom de Guelfes ou Velches, les Gaulois cisalpins dont la domination se fit sentir à Florence, par opposition aux Gibellins, Ghibelli (Ghi ou Withe, blanc), les hommes blancs ou hommes du Nord, fondateurs de l'empire allemand, les DËUTSCH ou Teutons, tedeschi. Que le roman ait été anciennement la langue de notre pays, cela est bien prouvé par ce qui nous a été conservé de la langue parlée parles populations urbaines du temps. Ainsi dans le livre du LOYAL SERVITEUR, le langage des dames de Lyon disant de Bayard : Veide vo c'tu malotrue al a mieux fa que to los autros ; et celui des Dames de Saint- Pierre répondant avec colère au collecteur de l'archevê- que: telé-z-arais cellejolietle (BréghotduLut, Mélanges), est positivement notre patois des campagnes, conservé in- tact à trois siècles de distance... Jamais plus enpeschiers ne cherra... si nos poon (nous disons si nos poïons) de tote icelle chose (chouse) de tote soldure (soillure) lava. Li Die de tos solais sorjent, Dieu source de toute consolation (Ma- nuscrit du Xe siècle. On retrouve des traces de ce roman aune époque bien plus reculée : au vie siècle, un soldat de l'empereur Maurice criant à son frère dans son langage : tornafratre, reioma. e Au vm siècle corre pour currere, d'où nous avons fait codre,ora pour ore.