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                  POÉSIE.

La Terreur, ce monstre exécrable
Veut son sang, un sang noble et pur :
Sur la charrette redoutable
Elle est montée, et d'un pied sûr.


Un rosaire en sa main s'égrène ;
Son visage est mat de pâleur,
Mais devant le dernier malheur
Alice garde un port de reine.

Ses blonds cheveux flottent au vent,
Son regard nage dans un rêve,
On voit bondir son sein mouvant
Comme une vague sur la grève.

Elle est si belle qu'à l'envi,
En passant l'admire la foule,
Et que plus d'un soldat refoule
Les pleurs dont il a l'Å“il empli.

Si belle, que sur le char même
Un peintre, oublieux du trépas,
Retrace d'un crayon suprême
La vierge aux augustes appas.

Inattentive à ces hommages,
Alice revoit en son cœur
Sa jeunesse aux pures images,
Le château, sa mère et sa sœur.

Devant Saint-Roch, de sa prière
L'essor a paru plus fervent,
Car c'était là qu'au temps prospère,
Elle s'agenouillait souvent.