page suivante »
LE PAGE DO BAUON DES ADRETS. 5541 I! ajouta que, malgré son respect pour la hiérarchie, son amour pour la cause l'obligeait à déclarer que Beau- mont trahissait. Depuis qu'il traînait à sa suite une jeune fille catholique et prisonnière déguisée en page, il avait perdu son amour pour l'Eglise, son ardeur comme pro- testant, son talent comme capitaine. Enfermé dans son château de Pierre-Scize., il s'adonnait au repos et au plaisir, ne paraissait plus dans les rangs de l'armée et, sans doute, pour plaire à celle dont il était l'esclave, ne tarderait pas à rentrer dans les rangs des papistes dont il était sorti. Quand Montbrun eut fait partir son message, il songea aux moyens de sortir de sa délicate position. Renonçant à emporter la citadelle, il tourna tous ses efforts contre la partie de la ville qui était en dehors des énormes fortifications. Sur la croupe de la montagne, s'avançait comme un faubourg un groupe de maisons abandonnées par les ha- bitants. Les femmes et les enfants s'étaient réfugiés dans la citadelle, les hommes combattaient à ce poste avancé et se retranchaient dans les ruines que faisait le canon, prêts à se replier dans la citadelle en cas de revers. Montbrun fit tourner toute son artillerie contre cette partie moins défendue et, le second jour, il eut la satis- faction de voir une large brèche s'ouvrir béante sous les coups redoublés de ses boulets.