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L'OSTENSOIR DE N.-D. DE LA SALETTE. 403 séraphiques qui choisissent aux pieds de Jésus cette part meilleure de la contemplation et de la prière. Nous ferons remarquer ici avec quelle gradation heu- reuse procède la coloration de l'ostensoir : au bas, des teintes plus ternes et plus terrestres, puis, à mesure que le regard monte vers les régions divines, elles s'idéalisent et cherchent à exprimer les visions du ciel. Le blanc, couleur liturgique de l'Eucharistie, devient la tonalité dominante ; son éclat mat est rehaussé par de larg'es bandes d'émail en repoussoir, et c'est du milieu de cette lumière symbolique qu'apparaît, dans l'or et les brillants, le trône radieux de l'Agneau. Tout près de cet étroit espace où la divinité se voile, le ciseleur a su mettre encore plus de perfection ; sa main délicate y a déposé de l'émail en gouttelettes, des poin- tillés et des linéaments d'une finesse admirable, et cette brillante exécution du pourtour de la lunette circulaire offre un spiritualisme de rendu parfaitement en harmonie avec sa destination. Pour compléter son œuvre, l'artiste a consacré à l'embellissement de cette place auguste les bijoux précieux offerts par la piété des fidèles : il y a semé à profusion les diamants et les pierres fines, mais avec tant d'à -propos, que cette prodigalité concourt à l'effet de l'ensemble, et proclame , dans un langage éblouissant d'éclairs, la foi du chrétien dans le miracle eucharistique. Tel est cet ostensoir de Notre-Dame de la Salette, chef- d'œuvre de conception et de travail ; mieux qu'un Sinaï, il semble appeler la présence du Dieu de la loi de grâce, qui ne fait descendre de son trône que des bienfaits et des miséricordes. Une description ne saurait en donner qu'une faible idée. Les statuettes, modelées parDufraisne, ajoutent encore au style de l'ouvrage.