Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
32                       BIBLIOGRAPHIE.

jamais été accompli. On ne peut certes lui comparer celui de
M. Lorain, qui n'est qu'une ébauche du sujet, faite d'après des
documents de seconde main, ni même l'intéressant opuscule du
cardinal Newmann sur saint Etienne Hardinge.
    Sur tous les points M. Pignot a porté la lumière. Au chapitre
de l'abbé Aymard, successeur de saint Odon, il trace un tableau
très-complet de la formation de la propriété monastique, en étu- .
diant, le droit féodal à la main, la forme dâs donations qui ont
fait la richesse de Cluny, après avoir recherché l'esprit qui les
 avait inspirées. Ce chapitre est très-important au point de vue
 de l'histoire du droit, et tous les hommes versés dans cette
 étude le liront avec intérêt.
    La seconde moitié du second volume est consacrée aux coutu-
 mes monastiques et aux coutumes civiles de Cluny puis à l'art -
 clunisien, deux complètes monographies faisant corps avec
 l'ouvrage et s'en détachant néanmoins par la spécialité et l'in-
 térêt du sujet. Toutes deux forment un ensemble plein de
 grandeur. Par la première, nous pénétrons d'une manière plus
 intime dans la vie des moines, dans les habitudes austères qui
 les accompagnaient depuis le jour de leur oblation et de leur
 noviciat jusqu'au cercueil. M. Pignot justifie cette étude par des
 considérations élevées, tracées d'une main ferme et magistrale,
 que nous détachons ici comme un spécimen de son style dont
 nous n'avons pas encore parlé et qui mérite cependant qu'on s'y
 arrête: «Si on était tenté de trouver puérile cette foule de pres-
 » criptions minutieuses et de lisières attachées à la liberté de
 » l'homme pour la dirger et l'empêcher de s'égarer, rappelons
 » avant toutla difficulté du but que les grands abbés s'effoiçaient
 » d'atteindre et l'indocilité du troupeau qu'ils étaient obligés de
 » pousser devant eux. N'est-ce pas d'ailleurs un des points de
 » vue les plus intéressants de l'histoire des institutions humaines
 » que la lutte de l'esprit contre les instincts et les passions ?
 » Sous quelque forme que cette lutte se produise, qu'il s'agisse
 » de courage civil, de discipline militaire ou d'abnégation reli-
 » gieuse, le but est toujours élevé, le combat difficile, les
 » moyens dignes d'intérêt. A ce point de vue, les règlements