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                         BIBLIOGRAPHIE.                          47
   Saint Hugues, abbé de Cluny, était à côté de Grégoire VU, à
l'entrevue de Canossa ; il se porta garant des promesses de
l'empereur, promesses bientôt méconnues et violées, et qui
eurent pour résultat l'humiliation de Grégoire VII, sa mort et
ce suprême appel au iugement de la postérité : « J'ai toujours
aimé la justice, haï l'iniquité, voilà pourquoi je meurs en exil. »
— Grégoire VII, on s'en souvient, avait été moine de Cluny, et
cette figure légendaire se rattachait par des liens étroits à l'his-
toire de l'abbaye.
    Avec Pierre-le-Vénérable, les symptômes de décadence favo-
risés par Pons de Melgueil, son prédécesseur, commencent à
atteindre la régularité de la discipline. Issu d'un des plus grands
vassaux du Midi, petit-fils d'un comte de Toulouse, Pons de
Melgueil, lettré, spirituel, ayant le goût des arts, semblait plutôt
destiné à porter la couronne d'un prince séculier que le bâton
abbatial. Il fit beaucoup pour la splendeur de Cluny, mais il
laissa s'énerver le commandement; et l'autorité de la règle faiblit
entre ses mains. A la suite de contestations avec des évoques et
des seigneurs féodaax, de conflits avec ses propres moines, il
s'en fut à Rome et déposa son autorité entre les mains du pape
Calixte II, puis il partit pour Jérusalem avec l'intention d'y finir
 sa vie,—Son inconstance ne lui permit pas de remplir son vœu.
 En dépit de ses promesses, il quitta la ville sainte, revint en
 Italie où il bâtit un petit monastère dans le diocèse de Trévise ;
 puis, dévoré de regretset d'ambition,il voulu ressaisir le sceptre
 de la première abbaye de la chrétienté. Profitant de l'absence de
 son successeur qui faisait une visite pastorale à ses prieurés
 d'Aquitaine, il s'approcha à petites journées de Cluny, se mit à
 la tête d'une troupe de gens de,guerre et de bandits, et s'empara
 de l'abbaye qui fut livrée au pillage. L'affaire se termina par une
 sentence d'excommunication ; mais l'usurpation de Pons de
 Melgueil porta une atteinte irréparable à la dignité de Cluny et
 fut le germe d'une dissidence qui amena la fondation de l'Ordre
 de Clteaux. Malgré l'autorité et la sainteté de Pierre-le-Vénéra-
  ble, Cluny, à partir de ce moment, sembla pencher vers cet
  affaiblissement auquel, dit M. Pignot, la richesse et l'orgueil de