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416 UN ANGLAIS QUI PENSAIT PKOFONDÊMENT. ce dernier ne put nous l'accorder ; il ne s'appartenait plus, et nous échangeâmes avec lui les regrets les plus vivement expri- més et les plus sincères. Notre journée avait été longue et rudement accidentée. Cha- cun de nous entrevoyait son lit avec plaisir au bout du repas, dont les émanations particulières nous eussent rappelé à elles seules que nous nous trouvions du coté méridional des Alpes et en pleine cuisine piéinoiitaisc. Toulefois, pourvus d'appétit et de sommeil en proportions égales, nous étions disposés à faire une équitable part à tous les deux , et nous n'abrégeâmes aucun des chapitres du copieux et quelque peu indigeste souper qui nous fut servi à l'hôtel de la Poste, au bruit assourdissant de la Doria, roulant ses flots ccumeux sous nos fenêtres. Seulement, contre l'ordinaire des jours précédents, nous ne prolongeâmes notre station à table par aucun de ces exlras, souveut plus agréables que le repas lui-même, mais qui ne peuvent être tels qu'autant qu'ils n'empiètent sur aucun besoin plus réel, et rencontrent chez les convives un esprit libre et un corps dispos. M. Jobsthon était resté débiteur de son pari : il fut convenu qu'il l'acquitterait à Turin où nous devions descendre au même hôtel. Quelques instants plus tard nous dormions tous les cinq d'un égal appétit dans nos immenses lits transalpins, lesquels n'ont de rivaux en dimensions que les lits monumentaux que l'on rencon- tre dans quelques-unes des contrées soumises à l'aig'e d'Autriche, et qui semblent destinés à réunir toute une famille sous une même couverture. Le lendemain soir, à la même heure, chacun de nous était confortablement installé dans une chambre de l'hô- tel Féder à Turin ; hôtel modèle, où les attentions les plus intel- ligentes préviennent les besoins du voyageur, et lui fent retrou- ver toutes les aises du chez soi, en l'entourant des commodités les mieux entendues. H. F.