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POÉSIE. 333 Mais voici le champ du supplice ; Les captifs au fer sont livrés, Le tour vient de la chaste Alice Qui sans peur franchit les degrés. Ses grands yeux que le ciel attire, Rencontrent le couteau sanglant : La pâleur sur son front de cire Croît, mais son corps n'est point tremblant. Soudain d'une main sacrilège Le bourreau lève son fichu ; La vierge voit son sein de neige Et son épaule mis à nu. L'homme hideux, d'un œil lubrique Mesure ces trésors sacrés : D'Alice le courroux pudique Change en pourpre ses tons nacrés. Illuminé par cette injure, Son regard, d'un éclair vengeur, Va foudroyer l'audace impure Dans les yeux du profanateur. Il n'y prend garde et sur la planche Couche ses membres palpitants, Elle ajuste de sa main blanche Sa robe noire aux plis flottants : Ne songeant, à l'heure fatale, Qu'à tomber morte chastement, Et mais sa tête virginale Roule dans le panier sanglant.