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              LE PAGE DU BARON DES ADRETS.              337

digne le joug huguenot et que révoltent les déprédations
de ces bandes sans merci qui ravagent les campagnes.
Gabriel fait allumer des feux sur les hauteurs, il dispose
son château pour recevoir la foule ; d'immenses provi-
sions sont sorties des caves et des greniers et la plus
large hospitalité est préparée.
  Pendant que se réunissent à sa voix les hommes de
Valsonne et d'Amplepuis, de Chamelet, de Chambost et
de Lamure, Thizy voit se resserrer ie cercle terrible qui
l'entoure. Montbrun juge son infanterie suisse et dauphi-
noise suffisante pour protéger son artillerie et serrer la
ville du côté de la montagne; il envoie sa cavalerie dans
la plaine et, suivant la coutume, rançonne au loin les
villages environnants.
  Au bas de Thizy et près de la jolie rivière de Tram-
bouze, s'est groupé, autour d'une vieille église romane,
un bourg riche et puissant qui porte le même nom que
la cité guerrière. Le bourg de Thizy est peuplé d'agri-
culteurs qui fertilisent la vallée; tranquille à l'abri des
hautes tours qui le dominent, le bourg ne renferme ni
soldais, ni hommes d'armes. Tandis que la trompette
résonne là haut dans les airs, on n'entend, au pied de (a
citadelle, que le mugissement des bœufs qui rentrent à
l'étable, le tintement de la clochette des troupeaux et !a
voix des laboureurs et des bergers. D'antiques remparts
entourent le village, faible défense pour arrêter le fléau