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332          UN ANGLAIS QUI PKNSA1T PROFONDÉMENT.

Un jet d'orgueil s'élança de ses yeux et illumina comme un éclair
ses joues pourprées.
        . . . . Semblable à ce feu que le caillou recèle,
        Dont l'acier fait jaillir la brillante étincelle..

    L'amour-propre national s'était enflammé chez notre compa-
gnon de voyage, à l'aveu que nous venions de faire, nous, Fran-
 çais, de notre pusillanimiîé, et opérait, chez lui, un de ces mira-
 cles qui lui sont familiers. Salomon, voulant exprimer qu'il n'est
rien que ne puisse l'amour, dit énergiquement : // est plus fort
que la mort. On peut en dire autant de l'amour-propre national
 britannique. Là où il entrevoit un triomphe, l'impossible cesse à
l'instant pour lui.
    M. Jobsthon, subitement grandi d'une coudée, se posa donc en
face de nous, et nous écrasant de la plus dédaigneuse superbe :
 « Le ertglishnian , dit-il, le englishman povoir tôt ce que loui il
 veut : moà, manger du crapaud, parce que moâ le vouloir , en-
 tendez-vô ! — Servez du crapaud à moâ, goddam ! »
    — Bravo ! s'écrièrent le père Mouton et les deux Genevois ;
 bravo ! mille fois bravo !
    — Il en est de la volonté humaine, ajouta le père Mouton,
 comme de ces plantes dont nous ne pouvons admirer la puissante
 nature et les véritables proportions que dans le sol et sous les
deux qui leur sont propres , et qui vivent chétives partout ail-
leurs ; la volonté humaine ne fleurit vraiment qu'en Angleterre ;
ce n'est que là qu'elle atteint tout son développement et se mon-
 tre à nous dans toute sa force. Un Anglais seul peut répéter au-
jourd'hui après Auguste :
           Je suis maître de moi comme de l'univers.
                                                             H. F.


      A continuer.