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LE PAGE DO BARON DES ADRETS. 71 dans leurs opulents quartiers. Bientôt, les bateaux n'ap- portant plus le grain, le bois, le vin que leur envoyaient les fertiles plaines de la Bourgogne, la famine se faisait sentir ; puis on apprenait que les°seigneurs de la Bresse, du Beaujolais, du Forez et du Dauphiné venaient prêter main forte à l'autorité et s'approchaient avec leurs hommes d'armes pour délivrer leurs amis et alliés les chanoines-comtes et l'archevêque ; alors la crainte ve- nant et, le menu peuple murmurant, les bourgeois envoyaient une députation négocier de la paix et de- mander une grâce que l'archevêque ne refusait pas, sûr d'être toujours le plus fort, grâce à son imprenable résidence, et sachant que le plus puissant doit aussi être le plus clément. Pierre-Scize qui défiait les bourgeois, n'avait pas résisté aux armes du baron des Adrets. Le gouverneur avait rendu les clefs et le prudent général sachant que la population lui était hostile, y avait établi son quar- tier général. Là étaient les principaux officiers du baron, là était Flavio qui entrait en convalescence. L'enfant pâle et faible était soigné par deux jeunes religieuses à qui le baron avait fait reprendre l'habit séculier. En redevenant filles du monde, les deux novices avaient, par ordre des huguenots, repris le nom qu'elles avaient quitté; l'une s'appelait Berthe de Bionais, l'autre Phi- lomène de Gantelet. Berthe, blonde comme les épis, ressemblait, avec ses yeux bleux, son doux sourire et sa bonté candide, aux anges du divin Raphaël ; Philomène, avec ses longs cheveux bruns, ses grands yeux noirs abrités par de longs cils, ses dents blanches que laissait paraître sa chaste et timide gaieté, rappelait ces anges de