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72            1E PAGE DU BARON DES ADRETS.

la Bible qui se firent voir aux patriarches et aux prophè-
tes. Toutes deux entouraient des soins les plus touchants
l'enfant blessé ; une jeune mère, une sœur tendre et
dévouée n'auraient pas eu cette vigilance, cette atten-
tion, cette affection profonde qui se révélaient par les
plus vives, les plus délicates caresses.
    Flavio, à moitié couché dans un grand fauteuil, ses
petits pieds reposant sur un coussin, goûtait avec délices
les douceurs du grand feu qui brûlait dans la vaste che-
minée. Ses deux compagnes lui tenaient les mains et, les
yeux dans ses yeux, souriant à son sourire, semblaient
solliciter une grande mais singulière faveur.
    — Flavio, disait Philomène de sa voix la plus douce
et la plus touchante, Flavio, à présent qu'il n'y a plus
de mystère entre nous, à présent que le chirurgien qui
t'a donné des soins nous a révélé ton secret, à présent
 que nous savons que tu es une jeune fille comme nous,
une pauvre enfant victime sans doute de la destinée, et,
 nous en sommes certaines, catholique ainsi que nous,
 Flavio, dis nous ton nom et ce que tu peux nous raconter
 de ton passé. Nous sommes tes sœurs et tes amies, ce
 que tu nous confieras sera bien gardé.
    — Vous m'avez sauvé la vie, répondit Flavio. C'est
 grâce à vous que je respire encore. Tout ce que j'ai
 vous appartient, môme mes plus intimes secrets. Nos
 larmes seront moins amères quand nous pleurerons en-
 semble et nos ennuis seront moins cuisants quand ils
seront partagés. Voilà comment je suis ici.
    Et d'abord, je suis née près des hauts sommets qui
 séparent le Lyonnais du Forez, pays de fier honneur et
de vaillante chrétienté. Le château de mon père se