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/ 58 ' LA QUEUE D'UN SINGE. nas. Sincèrement je ne pense pas que ces repas fussent pour quelque chose dans notre sympathie mutuelle. D'ail- leurs, voulez-vous apprendre comment il assaisonnait un souper chez Casati, ou même une simple bamboche aux escargots, place de la Bourse? Prenons ce dernier exemple et procédons par ordre comme la Liberté pour son menu journalier. L'absinthe.— L'absinthe, « dit Claudius en versant goutte « à goutte l'eau frappée sur la verte liqueur qui prend des « teintes d'ambre laiteux, l'absinthe est la plus pernicieuse « des boissons dites apéritives. Elle conduit fatalement au « delirium tremens. L'alcool ne contient pas un atome as- « similable ; il passe dans l'organisme et le ravage. Le « poumon arrive à distiller de l'aldéïne qui donne au « souffle des ivrognes une odeur d'éther. Alors on est à « peu près perdu; le cerveau se ramollit. Voilà pour tous « les alcools ; mais l'absinthe contient en sus des huiles « essentielles, et détermine une véritable intoxication. On « la colore parfois avec de l'oxyde de cuivre.... A votre « santé..... » Vous avez quelque velléité de jeter votre verre au diable; vous buvez par respect humain ; mais vous trouvez à la mixture un arrière-goût de vert-de-gris. Les escargots. — On les sert brûlants sur une plaque à godets. L'appétissante persillade à l'ail et au beurre frais risolle dans chaque coquille et exhale un arôme excitant. « L'escargot, — fait Claudius, en vous présentantle plat — « invertébré , mollusque, gastéropode , sécrète une bave « visqueuse, acre, marquant d'une tache gluante le trajet « parcouru. Cette bave permet à l'animal d'adhérer aux « surfaces les plus lisses et aide puissamment à la loco- « motion. Supprimez — Oui, Claudius, supprimons, supprimons — Soit, la douzaine est finie, repiquons-nous?