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LA QUEUE D'UN SINGE. 89
— Merci bien.
— Garçon !
La sole à la normande, — Acceptez ce filet ; attendez
donc, et les champignons ! « Voilà une sotte acotylédone,
« on n'est jamais bien sûr de ne pas s'empoisonner avec
« ces cryptogames. Les vénéneux bien apprêtés ont la
« m ê m e saveur que les bons. Le plus fin s'y trompe; y
« reviendrez-vous? ils sont exquis ; moi j'en reprends. »
L'andouillettesur le gril. — « Excellente, Pandouillette !
« il est fâcheux que le cochon soit sujet à des maladies dé-
« goûtantes : le ladre, lèpre interne, et surtout la trichine -
« trichina spiralis,—abominable helminthe. La cuisson
« ne les tue pas toujours. En une bouchée vous en avalez
« des légions qui, bientôt après, pullulent par milliards
« dans vos muscles et vous mangent tout vivants. — En-
« core ce tronçon. Ma parole ! succulente l'andouillette ! »
La bécasse rôtie. — « Oh ! oh ! patron ! est-elle faite Ã
« point! bon, ça se sent. La bécasse, petit échassier mal-
« gré ses jambes courtes, longirostre, de l'espèce des sco-
« lopacinées , vit exclusivement de vers; avec son long
« bec, elle fouille la vase des mares et la boue des fossés.
« Servez frais ce gibier de haut goût, et vous exposez vos
« convives à étaler sur le(p rôtie un lombric ou une sang-
« sue. Il faut que la digestion posthume réduise en odo-
« rant coulis toutes ces ordures ; la bécasse doit se sauver
« du garde-manger et tomber de la broche, vous compre-
« nez? eh eh! celle-ci, je le répète, est à point; prenez
« donc cette cuisse, voyez.... ça fond. Un peu de laitue ;
« la salade est réussie ; le cœur de laitue est un soporifi.-
« que assez énergique; il peut occasionner des troubles
« digestifs ; goûtez-moi ça avec la rôtie. »
Le roquefort. — « Roi .des fromages, salut ! pur acide
« piedobotique de gendarme ! Voyez ces trous, ces ravins,