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                          BIBLIOGRAPHIE.                          53
»   monastiques appartiennent aussi légitimement à l'histoire
»   que les institutions guerrières, que l'éducation qui préparait
»   le jeune Spartiate à la souffrance physique, le pirate scandi-
»   nave à ses aventureuses expéditions, le soldat romain à la vie
»   des camps. Là où réside la force morale, là réside aussi la
«  grandeur de l'homme ; et le soldat du Christ, dans sa longue
»  vie de privations et d'empire sur lui-même, adroit, lui aussi,
»   à notre justice et souvent à notre admiration. »
   L'étude sur l'art de Cluny est traitée avec une pleine compé-
tence et le soin le plus approfondi ; elle n'est pas la partie
la moins importante de ce livre. M. Pignot a réuni tout ce qui
existait de documents et de souvenirs sur la grande basilique
abbatiale commencée par saint Mayeul, terminée plus d'un
siècle après lui, la plus colossale église, après Saint-Pierre-de-
Rome, qui ait été construite dans la chrétienté. En comparant
aux monuments antérieurs ceux qui se rattachent à l'influence
de Cluny et à son école, M. Pignot arrive à déterminer avec
autant de clarté que de certitude les caractères propres de l'ar-
chitecture clunisienne, les types qu'elle a donnés à ses édifices
religieux, les éléments qu'elle a conservés ou modifiés, les inno-
vations qui caractérisent son originalité et sa grandeur. 11 mon-
tre son influence sur l'iconographie, la sculpture, le dessin,
l'ornementation, l'orfèvrerie, sur toutes les parties de cet art
décoratif à la fois sévère et somptueux qui constitue le style
clunisien. Ces questions sont étudiées avec une lucidité, une
netteté de vues et une abondance de renseignements qui font de
cette partie du travail de M. Pignot le traité le plus substantiel,
le plus instructif et le plus neuf qui aitété écrit sur cette branche
si intéressante de l'histoire de l'art.
   Je termine, messieurs, par une seule observation sur ce qu'il
y a dans ce livre de moins personnel peut-être à l'auteur, ce qui
montre le plus son désintéressement et sa modestie : son style.
M. Pigiiot s'est maintenu dans une parfaite simplicité, ce qui
est un rare mérite. On n'aperçoit chez lui aucune de ces préoccu-
pations d'amour-propre, de ces coquetteries, de ces raffinements
qui peuvent plaire pendant quelques pages, qui fatiguent dans