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12                  LES BEAUX-ARTS A LYON.

France. On ne peut se l'expliquer qu'en se souvenant de
l'hostilité qui régnait entre la population lyonnaise et ses
maîtres temporels, l'archevêque et le chapitre de Saint-
Jean. Ailleurs, les dons des simples particuliers, l'obole du
pauvre et le concours de toute la population transformée
en une armée de travailleurs s'associaient pour élever la ca-
thédrale, parce que celle-ci non-seulement affirmait la foi
religieuse de tous, mais devenait une protestation contre
la puissante influence des abbayes et contre la domination
temporelle des seigneurs.
    Quoi qu'il en soit, chaque partie de l'église Saint-Jean
est remarquable par son exécution. Dans l'abside et le
chœur, construits au douzième siècle, tout appelle et fixe
l'attention : la beauté des fenêtres à lancettes qui sont au
fond du chœur ; la richesse du triforium à arcades cintrées
 qui sépare les deux rangs d'ouvertures ogivales (1) ; les for-
mes variées que prend l'ogive dans les fenêtres supérieu-
res, ici l'arc aigu, là le fer-à-cheval brisé, plus loin l'arc
 amorti en un très-petit lobe qui rappelle le style maures-
 que ; les arcatures aveugles en marbre blanc appliquées
sur les nus des murs ; les trois frises en marbre blanc avec
incrustation de ciment rouge {%) formant un dessin tout
 oriental, qui sont placées à différentes hauteurs ; les pi-
 lastres cannelés qui sont au bas des murs, et qui sont sé-
 parés entre eux par deux arcatures réunies en encorbelle-
ment.
    La nef centrale n'a pas , il est vrai, le même caractère
 d'originalité, mais contemporaine de Notre-Dame-de-Paris,

   (1) Il faut encore citer comme un charmant spécimen du style de
transition du douzième siècle la coupole de l'église Saint-Paul où
l'arc ogival tantôt aigu et tantôt surhaussé s'allie au plein cintre.
   (2) L'église de Saint-Maurice, à Vienne en Dauphiné, présente ce
même genre de décoration.