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504 L'AFFÛT LU LOÎ'P BLANC. projectile ricoche sur ses maigres flancs comme sur la ca- rapace d'une tortue ou la cuirasse d'un cent-garde. Alors notre loup, avec un regard de mépris pour l'homme, se contente de jeter un sort... sur le fusil. Dès ce moment, il n'est pas de méchants tours que l'arme endiablée ne joue à son propriétaire. L'amorce rate, le canon se fausse; le coup plonge quand on vise en haut et s'enlève quand on tire en bas, les batteries s'encrassent, la baguette perd la têle, la bretelle se rompt, et soyez assuré que si vous mettez double charge, le fusil éclatera. Un seul moyen vous reste de désensorceler l'arme. C'est de retrouver le loup blanc et de lui dire en faisant trois signes de croix: Oremus lupus in nomine palris, etc., etc..Mais ne revoit pas qui veut ce coureur sempiternel ! Telle est la tradition du loup blanc. Nous n'essaierons pas d'expliquer l'origine de cette sotte croyance assez répandue (non sans quelques variations de détail). Elle peut marcher de pair avec la légende du roi Arthus dont maint paysan en- tend la meute affamée hurler au-dessus des nuages, et toutes les hallucinations auxquelles sont sujets les disciples de saint Hubert. Telle était la bête de mauvais augure que Cadet Co- pinel jurait avoir rencontrée ce jour-la même en revenant du bois. — Si l'on avait dans le temps confisqué l'Angleterre, s'écria Jérôme Pitofiar, lorsque Cadet Copinel, dont l'émo- tion déliait la langue, eut terminé son récit, il n'y aurait pas de loups en France, ni des blancs, ni des roux!... — Ça se pourrait, ça se pourrait bien. — Comment, si ça se pourrait? Ne savez-vous pas que ces Englichs de malheur ont chassé tous les loups de leur île de malédiction ? Où voulez-vous qu'ils allassent, ces pauvres bêles , au plus près , pas vrai? Eh bien , ils sont