Revue du Lyonnais » série 3 - n°2 ( 1866 ) » pp.445

             L'ANGE DÉCHU.            445

Enfant gâté de la nature,
Ce peuple ingrat oublîrait Dieu
Si pour sauver sa créature
Parfois il n'éprouvait ce lieu.

Alors vient du fond de l'Afrique,
Comme un nuage dans les airs,
Pour accomplir son oeuvre inique,
Le souffle empesté des déserts.

Je cherche en vain sur ma palette
Où sont mes plus sombres couleurs;
Encor moins peintre que poète,
J'esquisse à peine quelques fleurs;

Comment pourrais-je sur la toile
Étaler ces scènes d'horreur?
J'aime bien mieux tirer un voile
Que de sentir faillir mon cœur.

Laissons ce démon en furie
Lancer le poison de ses traits,
Et suivons la pauvre périe
Jusque sous ces ombrages frais.