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NÉCROLOGIE. LE BARON DE LA ROCHE-LA-CARELLE. M. le baron de La Roche-la-Carelle vient d'être subitement enlevé à sa famille et à ses amis, dans son château de Sassaugy en Bourgogne. Rien ne faisait pressentir une mort aussi prompte, car il portait avec une vigueur toute juvénile le poids des années, et sa vieillesse, exempte d'infirmités, ne se trahissait ni par l'af- faiblissement des facultés physiques, ni par les défaillances d'un esprit toujours lucide. C'est une perte, immense pour ceux qui l'ont connu et ont pu apprécier en lui les qualités éminentes d'un cœur bon et généreux, l'exquise urbanité du gentilhomme et l'attrait irrésistible d'une érudition profonde unie à toutes les grâces de la conversation d'un homme du monde. M. de La Roche-la-Carelle , issu d'une des plus anciennes familles du Beaujolais, était né, au château de La Carclle, le 11 juillet 1791 ; il fut successivement maire d'Ouroux en 1812, nommé chevalier de la Légion d'honneur pour les services qu'il rendit à ses administrés pendant l'invasion des troupes étran- gères, mousquetaire sous la Restauration et membre du conseil d'arrondissement de Villcfranche en 1813. A la révolution de 1830, il abandonna les affaires publiques, mais sa retraite ne resta pas inoccupée ; il se livra dès lors aux recherches sur son pays, et nous devons à ses travaux une bonne histoire du Beau- jolais, fort recherchée et qui fuit autorité aujourd'hui (Histoire du Beaujolais et des Sires de Beaujeu, suivie de l'Armoriai de la province. Lyon, Louis PERIUN, 1853, 2 vol. in-8°, iig. et carte, écusson colorié). Cette histoire, éditée avec le luxe et l'élégance typographique qui ont porté si haut le renom de Louis Perrin, a ouvert en quelques sorte la série des travaux sérieux sur les provinces. A ce titre, elle mériterait une mention spéciale, si elle ne l'avait conquise du premier abord par ses qualités réelles. Homme de goût autant qu'érudit, M. de La Carelle était connu v dans le monde des arts par sa précieuse bibliothèque et par les beaux tableaux qui ornaient sa demeure. Mais on ne se conten- tait pas d'en parler comme d'un amateur intelligent, comme d'un collectionneur heureux et raffiné ; on l'aimait et on l'estimait. MOREL DE VoiEINE.