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396 ORIGINES DE LDGDUNUM. Sucves, au témoignage de César, laissaient entre eux et leurs voisins un désert de 600,000 pas (1), environ 190 de nos lieues, sui- vant M. de la Saussaye (2). Les clans ïhessaliens, fondateurs de la diète amphictyonique, conservèrent longtemps à l'immortel con- fin des Thermophyles un large espace de marais et de pentes in- cultes. Dès la fin de la période antonine, une partie des marches gau- loises fut concédée, à la charge de services militaires, à des colo- nies de barbares, connues sous le nom général de Lètes ou de Gen- tiles. De cette époque datent le défrichement et la culture en grand des terrains consacrés. Pendant la période mérovingienne et sous les premiers Carlovingiens, des guerriers francs, soit comme bénéficiers militaires, soit même à titre de premiers oc- cupants, et des moines appartenant aux règles des saints Benoît et Colomhan, s'y établirent de toutes parts (3). Les chartes de ce temps ne parlent que de fondations pieuses in absiâ, in eremo, in deserto, in abditissimis lotis, au milieu du désert, vers les par- ties les plus reculées du désert. Toutefois, dans ce même désert, les monarques francs réservaient encore, aux VIIIe et IXe siècles, un terrain de servitude d'une largeur définie, qu'il n'était permis d'habiter ni de défricher. Par un capitulaire, Charlemagne en- joint à ses enfants de respecter ces zones restreintes (4). Pour leur conservation autant que pour leur défense, des commandants (1) Cœs.,Dc bell. gall,, IV, 3. (2) Disserl. sur le lieu de l'assembl. ann. des Druides, dans les Hfcm. lus en Sorbonne, 1864. (Edit., p. 3.) (3) « Ubi quondam déserta silvarum ac littorum pariter intensa advenae barbari aut latrones incolœ frequentabant, nunc venerabiles et angelici sanetorum chori... insulas, silvas eeclcsiis et monastcriis numerosis plèbe eonsona célébrant. » (S. Paulin Nolan. episcop. ad Victricium episcop. Epist., XXVIII. —• « Hujus tempore, per Galliarum provincias agmina monachorum et sacrarum puellarum examina non solum per agros, villas vicosque atque castella, verum etiam per eremi vastitatem ex régula dun- taxat bealorum patrum Benedicti et Columbani pullulabant » (Vit. S. Salaberg., ap. Act. 0 . S. B., sœc. II, n° 7, p . 425.) (4) M. de la Saussaye, Ow>. cit., p . 1, ennot.