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384                     ORIGINES DE LUGDUNUM.

mentaient ou restreignaient peu sensiblement cette superficie insu-
laire, durant la période ethno-celtique ; dans leur fluctuation
lente et continuelle, ces deux éléments de trouble, laissés à
eux-mêmes, se balançaient. Il n'en fut pas de même à l'époque
romaine, les populations initiées au génie du peuple-roi, ont pu
resserrer, élargir, rendre stable l'étendue émergée; ces travaux
s'exécutent encore aujourd'hui, et sur une plus grande échelle.
Mais, au temps reculé des établissements ségusiaves, le fleuve
immense, que rien ne contraignait, devait porter le rivage oriental
de notre île à une petite distance des Brotteaux ; il s'écoulait
alors par plusieurs canaux: le Rhône actuel, le moindre peut-
être; les lônes (1) et buires (2), inégales en longueur et diffé-


   (1) Lâne, losne, laune, lausne, s. f., bras d'une rivière, ancien lit d'un
fleuve où l'eau, cessant d'affluer, forme un golfe, un lac, « la Losne... ce
petit golfe pittoresque perdu au travers des arbres, dans le terrain nommé
laTête-d'Or » (M. P. Saint-Olive, Rev. du Lyonn., XX, 6 1 , 2 e série), par
ext., étang, marais, tout endroit où l'eau séjourne, s'est formé du bas lat.
lato, latho, ledo, usité dans ces diverses significat. « Lutona in finibusLin-
gonum » Losne et Saint-Jean-de-tosne séparés par un bras de l'Arar (Gi-
rault, Mém. de l'Acad. celt., IV, 187); Ledo, plur. Ledones, aujourd'hui
Lons-le-Saunier (Bullet, I, 68,), etc.Apparu de bonne heure dans le second
âge du gaël. : lona « prairie marécageuse » (Ossian, Trad. de Letourneur,
Paris, 1810, 1, XLIV), et saisi de même par le lat. barb. : « launa, vulgô
laune, fluvii brachiolum » (Ducange, s. v°), losne, lone, ou lausne se re-
trouve dans une infinité de noms de lieu, Maguefowe, par exemple, « lac
de la Vierge », cette Andromède ligure ou celtique changée, dans un cycle
chevaleresque popularisé par Don Quichotte, en La belle Maguelosne enle-
vée sur un cheval de bois par Pierre de Provence. Latona, ancêtre de Une,
se décompose en lath-aon « marécageuse rivière », et lalh est le gaël. lath,
cymr. Uaeth, série de marais, comme dans AreW-um, ArcW-e, Ar/e-s.
   Cf. le Latkan, rivière de Touraine et d'Anjou, le Lelh-è d'Espagne, le
Ladon du Péloponèse, les divers tt'rf-us ou ted-us de la Gaule, aujourd'hui
le Lez, le Loir ; the Lan, Lon, Lun, bas-Iat. Luna, rivière qui a donné
son nom au duché de ian-castre, etc.
    (2) Bu'ere, buire, s. f., du gaël bior, cym. ber, eau courante, qui n'est
guère usité qu'en comp., de béra, couler, au participe béruz, d'où bas lat.