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ON NE CROIT PLUS A RIEN. 321
tout pardonner, mais un éclair de terreur folle vint me tra-
verser le cerveau:
— La lettre ! m'écriai-je, la lettre !.. Serait-ce aussi un
jeu, une imposture?
Voila la réaction : on ne croit plus à rien quand on a
abusé de ses moyens.
— Oh! pour le coup, rassurez-vous, dit-il vivement ; cette
fois , ni moi, ni les esprits , nous n'y sommes pour rien :
voyez l'en-tête et la signature, c'est sérieux, et, du reste, il
est facile de s'en assurer en allant sur-le-champ
J'avais déjà compris l'invraisemblance de mes soupçons...
— Allons ! je n'ai presque plus la force de vous en
vouloir, mon pauvre Gobson!.. dis-je en lui tendant la main.
Il se précipita pour la saisir.
— Oh! merci... vous êtes bon et miséricordieux!
mais ne m'appelez plus Gobson, oubliez cet horrible
nom, je m'appelle Bobin.
— Bon !... un faux nom, à présent ? dis-je , en voulant
retirer ma main.
— Il la retint avec insistance :
— Oh! Monsieur, puisque vous pardonnez, cela passera
avec le reste.
— Et vous n'êtes pasmêmeAméricain, naturellement?...
— Français, monsieur, un pauvre Français, qui renonce
pour jamais à son commerce avec les esprits, son premier
début étant peu fait pour l'encourager.
— Et vous ne parlez pas anglais seulement ?...
— Je vous ai dit tout ce que j'en sais.
— J'aurais pu vous en dire autant Mais voyons,
sommes-nous bien au bout de nos aveux?... Ah! Ã propos:
et le frou-frou, qu'est-ce que c'est ?
Le pauvre Bobin , de pâle qu'il était, devint rouge subi-
tement.
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