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ON NE CROIT PLUS A BIEN. 319 — Monsieur ! — Ah ! laissez donc! —il commençait, ma foi, a se fâcher aussi — et voila qu'au moment de commencer ma come'die, obéissant à un commencement de remords, j'hésite, j'élude, je moralise, je renie mon prospectus , fatalité !.. il faut que cette répugnance, loin de vous dégoûter de l'épreuve, vous inspire confiance en ma personne, est-ce vrai cela.?.... — Je ne dis pas.... allez. — Alors, vous insistez, vous me forcez presque la main... — Oh ! la main !,.. vous plaisantez, monsieur ! Cependant, je ne pouvais m'empêcher de trouver qu'il y avait du vrai dans son récit. — Enfm, vous me rendez un peu d'aplomb, je me décide, mais, toujours dominé par cette importune délicatesse, je cherche à vous tromper avec le plus de probité possible , c'est-à -dire sans promesses illusoires, sans faux renseigne- ments, évitant de m'engager ; je me tiens dans les généra- lités banales, je me borne a des avis, à des consolations vagues, j'abrège, je tâche d'esquiver, enfin, j'ose le dire, je parviens à vous satisfaire sans trop vous abuser, je réussis au point de me concilier votre sympathie, votre estime et votre.... déjeuner...... — Et mon madère, brigand ! soupirai-je. — Quand un fait providentiel, l'arrivée de cette lettre , vient subitement confirmer les bonnes paroles que je vous ai fait entendre, au nom d'esprits imaginaires ; bref, tout conspire en ma faveur, les événements me donnent raison, vous êtes séduit, ma dupe est faite, je triomphe en dépit de mes efforts pour échouer, vous croyez, vous voulez croire malgré moi Eh bien ! monsieur? c'est alors que ce fripon, comme vous l'appelez, bouleversé par la complicité des faits, honteux de son rôle et n'en pouvant supporter da- vantage; c'est alors, quand le succès esl complet, qu'il vous