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308 LA PEINTURE. ont changé d'une manière affreuse ; seuls ceux exécutés dans l'onctuosité du vernis copal n'ont pas éprouvé de changement sensible... —Cela me semble plaider victo- rieusement en faveur de ce pauvre vernis copal, si long- temps calomnié. Mon Dieu, je ne veux rien affirmer, je ne veux rien préconiser ; toutes les peintures subissent un changement, c'est certain ; cependant, il en est qui n'ont presque rien subi. Voyez,par exemple, ces prodigieux portraits de vieil- lards de Denner , ( à Vienne, à Dresde, à Munich ; etc. ) faisons abstraction de leur incroyable fini, mettons de côté leur mérite artistique plus contesté que jamais par l'art facile, par l'art par-dessous jambes de nos jours, ne consi- dérons que l'exécution matérielle , que la perfection des matières employées; c'est à confondre! les blancs sont blancs; ces peintures ont la pureté de l'émail, son glacé, sa fraîcheur de ton, son inaltérabilité! Avec quoi peignait-il donc? L'on neJ s'en est jamais inquiété... Les procédés matériels, le métier, fi donc! est-ce que le génie fiévreux des artistes (de nos jours surtout) peut s'arrêter à ces misé- rables bagatelles de la cuisine du peintre ? Obtenir d'ad- mirables valeurs de tons , de séduisants rapports de cou- leurs, des tonalités ébouriffantes, ou de sublimes pensées écrites en un langage inconnu, voilà leur mission! Advienne que pourra ! Drapez-vous dans vos pittoresques loques , nobles victimes du crétinisme public; laissez croître votre barbe et vos longs cheveux, la lumière se fera et vous éclairerez le monde !... En attendant, fiers athlètes, permettez-moi, de vous crier : Gare les gerçures, les cra- quelures, les rancissements, les brunissements, les innom- brables dièses qui viendront élever vos gammes déjà si chaudes, si brûlantes !... Peut-être, hélas ! que ces mépri- sables, mais implacables ennemis pourraient bien venir