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LA PEINTURE. 301 son industrie de peintre sur métaux. J'apprécie tous ses avantages, et sa manutention m'est familière. Lorsque j'entrai, fort jeune, à l'École des Beaux-Arts et que je fus admis à la classe de peinture, je fis comme mes camarades et comme le maître nous enseignait. Nous peignions avec des couleurs en vessie, prises chez le fournisseur ; nous nettoyions nos pinceaux dans de l'huile d'oeillette naturelle et nous ne nous inquiétions nullement si notre peinture séchait ou ne séchait pas. Quand on commence à peindre on trouve toujours qu'elle sèche trop vite ; on regrette de ne pouvoir , le lendemain , retoucher dans la pâte ce qu'on a mal réussi la veille. On peindrait volontiers à l'huile d'olive, pour pouvoir remanier sans cesse son ouvrage. Les plus forts, les plus habiles employaient ce qu'ils appelaient de l'huile grasse, pour faire sécher les noirs , les laques, toutes les couleurs animales, végétales, toutes celles enfin qui séchaient difficilement. Cette huile impro- prement appelée huile grasse, était au contraire de l'huile dégraissée au moyen de la lîtharge qu'on y avait fait infuser à chaud. Cette huile, comme je l'ai déjà dit, ne faisait sécher la couleur qu'à sa surface en formant une peau. Comment se fait-il qu'un professeur ne le sache pas, ou n'en pré- munisse pas ses élèves? Plus tard, en dehors de l'école , nous vint l'emploi des pommades à retouches, des vernis siccatifs de Harlem, etc. Ces produits, tous composés plus ou moins d'un mélange d'huile, de vernis ou mastic en larmes, de sel de Saturne et quelquefois de cire blanche, avaient l'avantage de faciliter le travail, mais au détriment de la conservation de l'oeuvre. (J'ai parlé plus haut des ravages de la ger- çure.)