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272                 LÉGENDES DE LA VILLE I>'ARS.

 a été puisé dans la langue celtique, — ce qui serait assez
logique ; — et qu'il est composé des mots Pallas-Dwr ou
 Dur, Eaux dePallas. Notons que M. Blanchet est le premier
 qui écrive le nom de Palladru par deux l ; mais il en avait
 besoin pour la cause qu'il plaide, et, dès lors, je n'ai pas à
insister davantage sur cette particularité. En présence du
 sentiment de Chorier et de celui de M. Blanchet, le mien ne
 sera pas long à formuler. Pour le premier, je ferai simple-
ment observer que les Gaulois ne parlaient pas le grec et
qu'il est plus que douteux qu'à cette époque on songeât,
 comme de nos jours, a hérisser la langue nationale de mots
 étrangers qui n'auraient rien exprimé pour des oreilles
indigènes. Pour le second, ma réponse ne sera pas longue
non plus. Avec plus de raison néanmoins que Chorier,
M. Hor Blanchet a voulu trouver l'étymologie du nom de
Paladru dans la langue présumée des Allobroges ; mais
il n'a pas réfléchi — en admettant que ce peuple ait eu la
pensée de consacrer par ce nom le souvenir de son « res-
pect religieux pour les lacs qu'il regardait comme des
lieux que les divinités choisissaient pour leur demeure, »
— que, si le mot dwr représentait bien l'idée d'eau, celui
de Pallas ne pouvait et ne devait provoquer aucune impres-
sion de crainte et de respect, et cela par une raison bien
simple : c'est que, si les Allobroges avaient eu l'intention
d'honorer ce lac du nom de cette déesse, ils n'auraient pas
choisi pour le faire un nom grec, Pallas, pas plus qu'ils
n'auraient emprunté aux Romains celui de Minerve dont le
culte ne leur fut apporté qu'avec la conquête, et qu'ils lui
auraient fait tout naturellement leur dédicace sous le nom
à'Ouvanne que cette déesse portait chez eux (1). Que dirait-
on de nous, Dauphinois du XIXe siècle, si, voulant placer

  (1) Guy Allard, Dict, du Dauph. ; au mot Dieux des Allobroges.