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Lettre au sujet du tableau de Murillo, provenant du château des sires de Beaujeu. LYON, 1" août 1866. MON CHER DIRECTEUR, Dans une note assez peu bienveillante pour la Revue et publiée dans le Courrier de Lyon du 28 juillet 1866, un critique anonyme signale au public une prétendue erreur commise dans votre dernière chronique locale, au sujet de la découverte faite a Belleville d'un vieux tableau de Murillo provenant jadis du château des sires de Beaujeu. Vous igno- rez donc, nous dit l'auteur de la note, que le château des sires de Beaujeu fut démoli par ordre du roi en 1611, tandis que Murillo est né seulement en 1618! Si cette note historique est exacte, elle est aussi fort incomplète et par suite ne contredit point le fait rapporté par la Revue. Puisque notre critique connaît si bien les Mémoires manuscrits de Louvel, dont il invoque l'auto- rité, il aurait dû savoir aussi que , tout à côté de leur vieille forteresse, les sires de Beaujeu avaient fait élever, au moins dès le XIe siècle, un autre château séparé du premier par un simple fossé. Ce château , auquel on donna le nom de Pierre-Aiguë, parce qu'il avait été édifié sur le roc , renfermait dans son enceinte une église collégiale desser- vie par un chapitre qui eut l'honneur d'avoir pour doyen Guillaume Paradin , l'auteur des Mémoires de l'histoire de Lyon. Or, c'est évidemment de cette église que provient le tableau dont vous signalez la découverte. Le château de Pierre-Aiguë et l'église collégiale furent détruits seulement pendant la Révolution. On n'épargna que les maisons des chanoines qui subsistent encore aujourd'hui ; quant aux ornements du culte, les uns furent anéantis, les autres livrés au pillage, et il n'y a certes rien de bien extraor- dinaire que l'œuvre d'art dont vous parlez ait échappé, dans cette circonstance, à la destruction, et trouvé un asile dans une ferme, où sa valeur est demeurée longtemps inconnue. Et voilh comment, sans être an léger disciple de l'école de la fantaisie, on peut fort bien dire que le tableau découvert provient du château de Beaujeu. Recevez, mon cher Directeur, l'assurance de mon affec- tueux dévoùment. A. VACHEZ.