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CHRONIQUE LOCALE. 183 à l'histoire ; comme il faut chaque jour remplir sa feuille, on va, on va, rien n'arrête. Citations, dates, coutumes, tout est par à peu près. La course est si rapide, emporté qu'on est parle train express quotidien, qu'on embrouille parfois les stations, qu'on prend Chartres pour Orléans et le Pirée pour un nom d'homme. C'est bien là qu'on se moque de Louvet. Tous les journaux ont cité dernièrement les conférences populaires faites à l'asile impérial de Vinccnnes, très-bien ! un des plus célèbres confé- renciers a pris pour thèmela vie deJacquard ; c'est beaucoup d'honneur et, même à Lyon, les feuilles politiques et littéraires ont brûlé de l'encens sous le nez du professeur qui avait daigné s'occuper si solennellement de l'ou- vrier mécanicien. On a cité des passages de son discours et les éloges ont été unanimes. Or , voici ce que nous avons trouve dans la brochure du savant membre de l'Institut. — « Jacquard, ce mécanicien du génie, cet inventeur persécuté... » Phrase à effet qui ferait croire que le Gouvernement ou des envieux ont passé leur temps à faire avaler des couleuvres au pauvre mécanicien et l'ont peut-être, car le mot est violent, retenu pendant de longues années dans les cachots les plus profonds. « D'où venait, avant 1789, la persécution contre les inventions, machines, procédés nouveaux et contre leurs auteurs ? Du régime du monopole dans l'industrie, du privilège l'invention , messieurs, c'était un acte séditieux de l'esprit humain. » On croit rêver. Voilà se qui se passait avant 1789 ? serait ce alors M. Baudrillart qui aurait inventé la poudre? « La fabrique de la soie n'allant plus à cette époque de révolution, il se mit au servive d'un fabricant de chaux de la Bresse dons les montagnes du Bvgey. » Ceci nous rappelle un Parisien qui disait, devant nous, en chemin de fer à un compagnon do voyage : « Ah ! vous êtes d'Arles? en effet, à votre accent j'avais bien vu que vous étiez Gascon. » Nous apprendrons à M. le membre de l'Institut que la Bresse n'est pas plus dans le Bugey que la Provence n'est dans la Gascogne. « Bientôt parut le fameux décret portant la destruction de Lyon et or- donnant que sur ses ruines on élèverait une colonne avec cette inscription : Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon fut détruit. Citation flasque faite de mémoire, ce n'est pas ainsi que les convention- nels parlaient; il fallait donner le texte exact, terrible dans sa brièveté. « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n'est plus. » « Sur la rive, gauche du Rhône, les promenades des Brotteaux furent