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LÉGENDES DE LA VÃLLE D'ARS. 145 1806. Cent vingt et une années s'écoulent, et, pendant ce laps de temps, aucun nouveau chroniqueur ne se présente. Le lac de Paladru et sa légende sont laissés en repos. Mais ce long assoupissement doit avoir un terme, le réveil approche , et c'est Perrin-Dulac qui se charge d'attacher le grelot. Nous verrons, après lui, s'accroître le nombre de nos légendaires; mais l'imagination la plus faniaisiste iera seule les frais de ce mouvement littéraire, qui ne laissera après lui aucun docu- ment nouveau, aucun jalon pour nous guider vers la vérité. Perrin-Dulac (1) consacre quelques lignes seulement au lac de Paladru, et je ne trouve à lui emprunter que le passage suivant,qui est plein de bon sens et d'une sage réserve, mêlée à un peu trop de confiance dans le récit de Chorier. « On ne peut douter qu'il n'y ait du poisson en abon- dance, mais sa grande profondeur, et les bois dont son fond est embarrassé, empêchent que l'on ne puisse y pêcher avec avantage Ces bois proviennent d'un village nommé ARS, qui, selon Chorier, fut englouti sous les eaux du lac dans le courant du XIIe siècle. Les débris que Ton y trouve, les pou- tres que l'on en tire, prouvent la vérité de ce que dit cet auteur, qui d'ailleurs paraît appuyer son assertion On n'a aucune donnée sur la formation de ce lac. Les habi- tants du pays conservent quelques traditions, trop absurdes pour mériter d'être connues. » 1829. M. Pilot (2) dit que la petite ville d'Ars, sur les bords du lac de Paladru, fut engloutie par un tremblement de terre, et qu'on voit encore au fond des eaux les ruines de plusieurs édifices. C'est là toute sa part dans notre légende, mais il affirme sans hésitation et ne se retranche derrière aucune tradition. (1) Deecripl. gên. du dèp1 de VIsère; Grenoble, Allier, 1806; 1.1, p. 76. {2)Hist. de Grenoble et de ses environs; Grenoble, Baratier, 1829, p. 44. iO