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LÉGENDES DE LA VILLE D ' A R S . 143 server en outre que l'auteur se trouve en opposition avec les annales des Chartreux, quand il prétend que ce fut Terric qui appela ces religieux dans le désert de la Sylve-Bénite. De plus, remarque assez curieuse, les annales ne font pas mention de la cession du territoire d'Ars à la maison de la Sylve par Alexandre III, et se contentent de dire qu'il lui fut donné par Humbert III, comte de Savoie. Il y a, sans doule, de la prudence chez le rédacteur des annales ; mais Chorier, qui avait consulté les archives de la Sylve, rétablit les faits et ajoute qu'Humbert et l'archevêque de Vienne ne firent que corroborer de leur autorité cette donation du pape. Pourquoi donc ce mutisme des annales sur tout ce qui touche à Ars, devenu propriété des Chartreux, et a la catastrophe qui en fut la suite, suivantla tradition, par la vengeance de Dieu'! Chorier, du reste , tout en se faisant l'écho des erreurs populaires, a soin d'ajouter que , si les masures de cette petite ville paraissent encore sur le bord du lac et en partie dans ses eaux, c'est, ce qui a fait croire qu'elle avait été submergée. 1681. Après Chorier, et neuf ans plus tard seulement, se pré- sente Morozzo, abbé de l'Ordre de Cîteaux à Turin et, plus tard.évêque de Saluées Historien de l'Ordre des Chartreux(l), et dans son désir de faire ressortir tout ce qui peut rehaus- ser cet Ordre aux yeux de la chrétienneté, il adopte, sans cri- tique comme sans preuves, toutes les traditions populaires sur la Sylve-Bénite et le bourg d'Ars, pagus. Loin de repous- ser , comme Chorier, ce qui blesse la raison et le bon sens , il retranche de son récit, qui est presque une traduction de celui de l'historien dauphinois, ce qui, pour lui, n'est pas une affirmation du droit qu'Alexandre III s'était arrogé. 1 1 (1) Theatrym chronologicvm sacri cartvsiemis ordinis, par Ch. Jos. Morotius ; Turin, Sinibaldi, 1681, p, 228 et 229. V, la Pièce justificative D.