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ON NE CROIT PLUS A RIEN. — Elle ne remplace pas le café, non ; mais elle l'accompagne bien et ne le gâte pas. Pour moi, je la préfère aux alcools — Et quoi donc? — La métaphysique, parbleu! Essayez-en, vous verrez. Pourtant, ne vous y fiez qu'à demi ; il n'y faut pas d'excès non plus, ou l'on y perd la tête fort joliment. C'est ce qui m'arriva certain soir: nous en avions trop pris; nous allions, nous allions, montant toujours, sans souci des nuages , et, franchement, j'y voyais un peu trouble — Avez-vous connu Ravinel? lui dis-je tout a coup, tâchant de m'accrocher a quelque personnalité, pour sortir au plus vite du fouillis des abstractions où titubait mon cer- veau surmené. C'est ce que j'appelle planter un piquet dans la conversa- tion. Ce procédé sert beaucoup dans le monde, pour rallier un entretien qui s'éparpille et se débande. Le piquet, auquel chacun se raccroche avec bonheur, est ordinairement sacri- fié : c'est tant pis pour l'absent qui remplit cet office. Quant a mon homme, comme il était lancé, il ne m'en- tendit pas. Il concluait en ce moment. Or, il ne faut pas cou- per un homme qui conclut; c'est dangereux pour la santé. Il daigna même, en deux mots, me donner la moelle de ses